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Rencontre avec Pascal Convert

À travers les traces, empreintes du temps pour mémoire proposées dans son travail, le plasticien Pascal Convert cherche à alerter l’opinion publique sur la destruction en cours du patrimoine culturel arménien.

Qui êtes-vous ?

Je me définirais comme un archéologue de l'architecture, de l'enfance, de l'histoire, du corps et des temps. Je suis à la fois passionné d’histoire, plasticien, sculpteur et auteur de films documentaires. Que ce soit dans mes recherches historiques, littéraires ou plastiques, la question de la mémoire et de l’oubli est au cœur de mon travail.

Quel est votre parcours ?

En 1989, je suis pensionnaire à la Villa Médicis. En 2002, dans le cadre d’une commande publique, je réalise le Monument à la Mémoire des Otages et Résistants fusillés au Mont Valérien entre 1941 et 1944. Je poursuis ce travail par un film documentaire « Mont Valérien, aux noms des fusillés » (Arte-Histoire). À partir des années 2000, je réalise des sculptures en cire inspirées d’icônes de presse de conflits proches (Kosovo, Algérie, Palestine) et je poursuis mes recherches sur la période la Résistance en France en publiant les biographies de Joseph Epstein, résistant fusillé au Mont Valérien, responsable du groupe Manouchian et de Raymond Aubrac. En 2016, je me rends en Afghanistan où je réalise une œuvre, témoignage de la disparition du site archéologique des bouddhas de Bâmiyân détruit par les talibans (2001). Durant l’été 2018, j’effectue une série de relevés des très rares khatchkars, stèles funéraires emblématiques du patrimoine arménien, sauvés de la destruction dans des monastères arméniens, en particulier ceux de Geghard, Haghpat et Sanahin. Ces pierres à croix dressées, réalisées entre le XIIe et le XVIIIe siècle, avaient des fonctions votives, apotropaïques ou commémoratives.

Votre actu du moment au Cpa ?

Entre 2002 et 2006, les autorités azerbaïdjanaises ont détruit les trois mille khatchkars du cimetière chrétien arménien de Djoulfa. J’ai décidé de partir en Arménie en 2018. Sans pouvoir me rendre à Djoulfa désormais situé en zone de conflit armé, j’ai réalisé des empreintes des très rares khatchkars sauvés de la destruction. J’ai ensuite conçu des œuvres et installation comme un hommage au patrimoine arménien, une façon de rappeler sa richesse mais aussi sa fragilité́. Dans l’exposition L’Arménie du sacré à l’épreuve du temps, je présente La Tombe des Princes d’Haghpat et le khatchkar du monastère de Geghard se dressant à plus de deux mètres de hauteur devant les visiteurs.

Quels sont vos projets futurs ?

J’expose actuellement mon travail Souches de Verdun à Barcelone jusqu’au 28 septembre "En el aire conmovido"... Imagen, emoción, utopía, avec pour commissaire Georges Didi-Huberman. Je participe jusqu’au 21 juin à l’exposition Le livre. Objet entre mémoire et symbole, exposition collective à la Galerie Tornabuoni Art Paris, à la Biennale d’art sacré d’Autun, du 18 juillet au 10 août 2025, et à partir de septembre, Fondation Boghossian, Bruxelles pour Photiâ, the art of fire. Je viens de publier « Le livre de R.D » aux éditions Filigranes (mai 2025) sur Robert Ducasse et la Résistance.