Le monument de Valence
Toros, 1985
Inauguré en 1985, le monument commémoratif de Valence est l’œuvre du sculpteur Toros.
Il prend la forme d’une stèle devant laquelle se dresse une sculpture de femme, dont la posture évoque le combat. Son corps paraît surgir d’une montagne. Ses bras sont écartés : d’une main, elle repousse un serpent ; de l’autre, elle désigne le sommet de la stèle, coiffé d’une flamme, sur lequel un hommage aux victimes du génocide est gravé en français et en arménien. Sous ce texte, un bas-relief représente une mère en deuil et son enfant.
Cette sculpture représente la résistance du peuple arménien face à l’oppression et le massacre. La figure féminine symbolise la vie, la fécondité, mais aussi le peuple. La montagne dont elle émerge, le Mont Ararat, incarne la mère-patrie, les terres dont les Arméniens ont été chassés. Le serpent qu’elle tient à bout de bras représente le mal, la mort, dont elle triomphe. L’œuvre de Toros se veut donc optimiste, et célèbre la renaissance du peuple arménien après le massacre de 1915.
Toros, l'enfant d’Alep aux œuvres universelles
Sculpteur drômois d’origine arménienne, Toros (1934-2020) naît à Alep, en Syrie, dans un camp de réfugié. Ses parents sont tous les deux rescapés du génocide. Toros se forme à la dinanderie, l'art de travailler le cuivre et le laiton, aux côtés de son frère. Il travaille l’argile et devient très vite maître du marteau. En 1962, lors d’un voyage en Arménie, il découvre à Erevan le cheval de Sassoun, et décide de devenir sculpteur. Quatre ans plus tard, il remporte le premier prix de sculpture pour le monument « L’émancipation de la femme arabe », et part l’année suivante, en 1967, pour la France, où il apprend la technique de tailleur de pierre. Il vit d’abord à Valence pendant trois ans, puis s’installe à Romans où il va fonder sa famille et son atelier.
En 1973, il signe à Marseille, au Prado, le premier monument au génocide des Arméniens. D’autres mémoriaux suivront, à Valence, mais également à Saint-Etienne, Vienne, Aix-en-Provence et Draguignan. Ses œuvres laissent également une empreinte importante dans les places et les jardins, devant les mairies et autres équipements publics, en particulier dans la Drôme, mais également dans de nombreuses villes en France et à l’étranger. Il a été nommé Officier de la Légion d’honneur en 2009.