Le monument d'Erevan
Arthur Tarkhanyan et Sashur Kalashyan, 1967
Le complexe commémoratif de Tsitsernakaberd, dont le nom signifie « Fort aux hirondelles » en arménien, a été inauguré en 1967 sur une colline de la ville d’Erevan, la capitale de l’Arménie.
Dans l’URSS, l’affirmation d’une identité nationale au sein des républiques soviétiques était strictement interdite. Comme toute célébration dédiée à la mémoire des victimes, la commémoration du génocide des Arméniens était donc réduite au silence.
À l’occasion du cinquantième anniversaire du génocide, en 1965, la population d’Arménie soviétique réclame toutefois la création d’un monument commémoratif. Le 24 avril, de grandes manifestations ont lieu à travers le pays et le Premier Secrétaire, Yakov Zaroubyan, parvient à faire fléchir l’autorité de Moscou. Un concours est lancé pour l’édification du mémorial, et soixante-neuf participants, issus d’Arménie ou de la diaspora, y répondent. Il est remporté par le projet « Armenia SSR droshak », des architectes .
Construit au sommet d’une colline, le mémorial couvre une surface de 4500 m² et se compose de trois bâtiments. Un mur en basalte de 100 mètres, gravé du nom des villes arméniennes occidentales et des populations arméniennes massacrées durant le génocide, guide les visiteurs vers un vaste sanctuaire, constitué de douze murs en basalte disposés en cercle et inclinés vers le centre. Ces murs sont inspirés des traditionnels « khatchkars » arméniens, des stèles en pierre gravées de croix richement décorées. Ils entourent et protègent une flamme éternelle dédiée à toutes les victimes du génocide. Accolée au sanctuaire, une pointe en granite de 44 mètres s’élève dans le ciel, et symbolise la survie et la renaissance du peuple arménien. Marquée d’une profonde fissure, elle incarne à la fois la dispersion tragique du peuple arménien, mais également son unité.
Depuis 1995, le mémorial de Tsitsernakaberd abrite également un musée souterrain. Il est visité chaque année par des milliers de visiteurs.