Une mémoire inscrite dans l'espace public
Près des deux tiers des 7 à 8 millions d’Arméniens vivent aujourd’hui hors de la république d’Arménie : une partie d’entre eux est directement issue du génocide de 1915, descendants des rescapés, et forme la diaspora arménienne. Les Arméniens en diaspora sont nombreux à être restés soudés autour d’une vie associative, culturelle et politique très active. À partir de 1965, le cinquantenaire du génocide donne l’occasion à la mémoire des Arméniens de France de quitter le domaine intime du deuil, du souvenir, pour s’exposer publiquement à travers la commémoration du 24 avril.
Après l’inauguration de la première rue commémorant le 24 avril 1915, le tout premier monument commémorant le génocide des Arméniens est inauguré en 1972 à Décines-Charpieu, dans la banlieue lyonnaise. À partir de là, d’autres monuments fleurissent à travers la France, et inscrivent l’histoire arménienne dans l’espace public. L’histoire de la reconnaissance du génocide se poursuit ensuite au niveau national et international, et se grave peu à peu dans le marbre d’autres monuments commémoratifs, qui se répandent dans le monde entier.
Les monuments commémorant le génocide des Arméniens présentent une grande diversité de formes, de symboliques et d’inspirations. Leur taille et leur emplacement sont souvent révélateurs de la place accordée par la collectivité au devoir de mémoire qu’ils incarnent. S’ils sont porteurs d’un enjeu mémoriel, ils le sont également d’une culture, d’une identité artistique, mais aussi d’une démarche politique. Leur édification ne se fait pas toujours sans heurt, et se trouve régulièrement confrontée aux protestations et aux positions négationnistes des communautés turques.
Petit aperçu de monuments emblématiques
La cartographie des mémoriaux du génocide à travers le monde est un des indices d’une dispersion continue et de l’émergence d’une nouvelle communauté. En 2018, Le Cpa a intégré à son exposition permanente une carte interactive recensant les monuments au génocide des Arméniens, en France et à travers le monde. Plus de deux cents d’entre eux ont déjà été répertoriés. Présents sur tous les continents, ceux-ci sont aussi nombreux que variés : nous vous en proposons un court aperçu, à travers huit exemples.