Sur les braises des empires : apatrides russes et arméniens
Dans la France cosmopolite de l’entre-deux-guerres, 60 000 Arméniens et presque autant de Russes trouvent refuge et viennent alimenter le marché du travail et combler le déficit démographique. Ainsi, en 1926, les réfugiés arméniens en Drôme représentent 1 236 personnes, soit 22 % des étrangers recensés. Il convient d’y ajouter quelques dizaines de Russes blancs et de Grecs d’Asie mineure.
Davantage présents dans les industries de la région lyonnaise, quelques apatrides russes parviennent néanmoins à s’employer dans la Drôme. Ainsi, entre 1925 et la fin des années 1930, Maurice Burrus, propriétaire de la forêt de Saoû, recrute de nombreux Ukrainiens pour mener à bien la construction du circuit des Trois-Becs. Issus de la haute bourgeoisie et de la paysannerie aisée, beaucoup d’entre eux ont servi dans l’armée nationale ukrainienne, cosaque, ou se sont enrôlés dans l’armée blanche. La plupart des familles s’installera durablement.
Plus emblématiquement, la Drôme devient le nouveau foyer de milliers d’exilés arméniens qui vont marquer par leur présence l’identité du territoire. Avant de se regrouper dans les grandes villes du département, Romans, Valence, Montélimar, dans l’Ardèche voisine, Privas et Aubenas, beaucoup acceptent un premier contrat dans le sud du département à Crest, Tulette ou Taulignan, dans les entreprises de moulinage. Une nouvelle vie collective voit le jour.
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