Les réfugiés
En cette période d’après-guerre, les réfugiés, Arméniens, Assyriens, Kurdes, musulmans des Balkans et de Grèce, grecs-orthodoxes, se chiffrent par dizaines de milliers dans l’ensemble du Proche-Orient. Cette population devient un élément crucial pour les puissances internationales et régionales qui n’hésitent pas à instrumentaliser, chacune à leur manière, ce facteur humain.
Tantôt ces réfugiés, considérés comme source d’instabilité et de désordres communautaires, doivent être éloignés, tantôt, au contraire, la présence de ces groupes devient indispensable pour soutenir leur action sur le terrain. Elles encouragent alors, et organisent même, l’installation de ces réfugiés dans des pays ciblés.
Le rapatriement des rescapés arméniens en Cilicie
En janvier 1919, le commandement allié décide de rapatrier en Anatolie tous les déportés arméniens ayant survécu au génocide et se trouvant en Syrie, en Palestine ou au Liban. Ce projet est officialisé par l’article 6 de la convention additive à l’armistice de Moudros, lequel lui donne un cadre juridique.
Cette vaste opération de déplacement massif de population est confiée à la France qui en assume les frais. Le Service central des rapatriements arméniens, office s’occupant plus spécialement de cette question, est rapidement mis sur pied à Alep. En coopération avec les instances arméniennes, il s’occupe de rapatrier les dizaines de milliers de déportés en Cilicie.
La France, qui débarque en Cilicie en novembre 1918, se prépare à une occupation de longue durée mais compte peu de soldats. Pour contrôler ce territoire, sa stratégie consiste à y installer une forte population arménienne qui, du point de vue des dirigeants français, est censée jouer en Cilicie le rôle de colons dévoués à l’action de la France.
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